Il était largement anticipé et annoncé pour la fin de l'année. La disposition de la loi n° 2022-1587 du 19 décembre 2022 avait tracé la voie, visant à mieux encadrer la sous-traitance dans le contexte du CPF. En effet, un projet de décret avait été dévoilé en juillet dernier.
Il convient de noter que ce décret ne se limite pas à la seule sous-traitance dans le cadre du CPF. De plus, il englobe diverses mesures liées à Mon compte formation, ainsi qu'au bilan de compétences, visant à lutter contre la fraude à ce compte et à interdire le démarchage de ses titulaires.
Bien que la majorité des dispositions du décret soient immédiatement applicables, celles relatives à la sous-traitance ne le seront qu'à partir du 1ᵉʳ avril 2024.
Voici une synthèse des principales nouveautés.
Afin d'assurer la transparence dans les relations professionnelles, le contrat entre le donneur d'ordre et le sous-traitant doit être limpide, détaillant des éléments essentiels tels que l'intitulé de la prestation, son objectif global, les moyens utilisés, la durée, les modalités de suivi, le prix, etc.
Le donneur d'ordre doit respecter un plafond exprimé en pourcentage du chiffre d'affaires réalisé sur Mon compte formation (MCF). Ce plafond, qui sera défini ultérieurement par un arrêté, pourrait entraîner une évolution significative du modèle économique actuel, incitant potentiellement à internaliser une partie des prestations.
Le donneur d'ordre doit s'assurer que le sous-traitant remplit bien les obligations mentionnées à l'article L 6323-9-1 du Code du travail, notamment en vérifiant l'existence d'un numéro de déclaration d'activité, la possession de la certification Qualiopi (le cas échéant) et le non-déréférencement sur MCF.
Bien que la certification Qualiopi devienne la norme pour le sous-traitant, une exception est prévue pour les personnes physiques agissant en tant que sous-traitants affiliés au régime micro-social et ne dépassant pas un chiffre d'affaires annuel de 77 700€.
Les sous-traitants doivent être habilités à former pour les certifications sur lesquelles ils interviennent, sauf dans certains cas spécifiques, comme ceux relevant du régime micro-social avec un chiffre d'affaires inférieur à 77 700 euros.
Pour préserver la qualité des prestations, la sous-traitance en cascade est interdite. Le sous-traitant ne peut pas sous-traiter à son tour l'action qui lui a été confiée.
Un prestataire déréférencé de la plateforme MCF ne peut pas être sous-traitant dans le cadre d'une prestation financée par le CPF.
La durée de conservation de la synthèse délivrée à l'issue du bilan de compétences est étendue de 1 à 3 ans.
La liste des pièces justificatives à fournir pour être référencé renvoie aux conditions générales d'utilisation de mon compte formation.
En conclusion, le décret n'apporte pas de surprises majeures par rapport au projet de juillet dernier. Bien que sa portée soit limitée au dispositif du CPF, il nécessitera des ajustements immédiats pour les donneurs d'ordre et sous-traitants concernés, avec des changements potentiels de modèle économique et des démarches de certification. La rentrée 2024 pourrait être marquée par ces ajustements significatifs.
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